L'on trouve tout d'abord le Conseil du Roi, ou Conseil d'en haut : les réunions de celui-ci sont les seules auxquelles le roi assiste régulièrement. C'est là que les décisions politiques majeures se prennent, et Richelieu en est le moteur depuis 1624. Les grandes lignes sur lesquelles s'engage la politique royale sont donc dessinées par le cardinal, mais le roi décide toujours en dernier ressort, l'autorité royale étant un principe intangible.
Richelieu est secondé par plusieurs collaborateurs, dont un certain père Joseph, qui est notamment efficace pour la propagande. C'est ici la « Raison d'Etat » qui prime sur tout et tous, et chacun s'applique à aller en ce sens, Richelieu tout particulièrement.
L'on trouve également le Conseil des Finances, qui se charge des questions d'argent : c'est celui-ci que Concini intégra une quinzaine d'année auparavant, ruinant le royaume par ses intrigues.
Le Conseil des Parties, ou Conseil d'Etat, est quant à lui compétent en matière de justice, et c'est donc le chancelier qui le préside. Actuellement, le chancelier est un certain Etienne d'Aligre.
2. Le parlement de Paris
Le Parlement est chargé au niveau de l'État de deux missions principales : d'une part, il est l'instance d'appel suprême de la justice royale, et d'autre part, il est chargé d'enregistrer les décisions du roi, c'est-à-dire de les légitimer. Il est doté d'un « droit de remontrance » dont il se sert régulièrement : le concordat de Bologne, signé en 1516, n'est ainsi enregistré qu'après deux ans de tractations. Lorsque la situation est bloquée par le Parlement, le roi peut tenir un lit de justice et, sous un dais, imposer au Parlement sa royale volonté.
Le parlement est présidé par Pierre Séguier (cf. « Les trois mousquetaires », chapitre XVI) depuis 1624. Il deviendra également garde des Sceaux en 1633 et chancelier de France en 1635.
3. Les intendants & les gouverneurs de province
Afin de diriger les provinces, il existe notamment des charges d'intendants et de gouverneurs. Ceux-ci s'occupent de relayer les décisions des Conseils, et règlent le quotidien de leurs administrés.
Les intendants sont par exemple chargés de prendre en main la répartition et la levée de la taille et autres impôts directs, dont le poids est très alourdi par les dépenses militaires. Les intendants activent la rentrée de l'impôt et mettent fin aux injustices attribuées aux officiers des finances. La très large majorité des intendants du royaume sont issus de la noblesse de robe ou de finance, et ont siégé au Conseil pendant plusieurs années, ce qui en fait des serviteurs particulièrement fiables du royaume.
Les gouverneurs de province sont quant à eux en charge du maintien de l'ordre notamment, et de toute décision concernant le quotidien. Ce sont souvent des personnages de haute noblesse, très puissants, suppléés par un commandant en chef (souvent un parent), et secondés par des lieutenants généraux. Les gouverneurs sont bien plus prompts à désobéir au roi, et se comportent souvent comme des féodaux avec leurs administrés.
4. Les échevins & le prévôt des marchands
Les services municipaux sont dirigés par le prévôt des marchands, c'est-à-dire le chef de la très puissante corporation des Marchands de l'eau, et 4 échevins, qui sont des officiers royaux. Ils sont en charge notamment de l'entretien des bâtiments ou des procès liés au commerce par voie d'eau (le plus important). S'appuyant sur le peuple, le prévôt des marchands allié aux échevins peut tenir le roi en échec, siégeant notamment au Parlement de Paris. Le prévôt des marchands est actuellement un avocat du nom de Denis Maillet.
5. L'armée
Elle était dirigée par le connétable du royaume, charge importante et glorieuse : le duc de Luynes et François de Bonne furent les derniers à porter ce titre, puisqu'il fut supprimé par Richelieu en 1624, craignant trop le pouvoir qu'avait eu Luynes auprès du roi. Ce sont donc désormais des généraux et des maréchaux qui dirigent les différents régiments, désignés par le roi. Richelieu, dès le siège de la Rochelle, prendra une part active à la vie militaire du royaume. On peut également citer Gaston d'Orléans, le frère du roi, comme lieutenant général des armées du royaume.
L'armée royale est organisée en régiments de soldats professionnels, français ou étrangers, recrutés par les sergents des différents régiments. Ceux-ci, rattachés au moins par le nom à une province, sont confiés à des princes de haut lignage et casernés dans des citadelles fixes en temps de paix.
L'armée compte un effectif d'environ 20000 hommes, en constante augmentation. Citons principalement les lansquenets, reîtres, suisses ou hussards.
En parallèle, il existe de nombreux corps d'élite de la maison royale : citons en particulier les cent-suisses, les chevau-légers, les gardes de la prévôté, ou les non moins célèbres mousquetaires.
6. Les impôts, le financement
Il existe une multitude d'impôts, dont il serait fastidieux de dresser la liste. Citons cependant les plus importants. Il y a ainsi la dîme, antique impôt ecclésiastique en nature sur la production agricole, à laquelle même le roi est soumis. De son côté, le clergé procède à un impôt interne à ses rangs, les décimes, qui servent à payer en particulier le « don gratuit » fait au roi.
Citons ensuite les anciens impôts d'Etat, comme par exemple la taille, impôt direct qui est une sorte d'impôt sur le revenu. Dans les faits, de très nombreuses catégories de personnes sont exemptées de cet impôt (nobles, officiers royaux, clergé, bourgeois, citadins, voire villes entières), de sorte que ce sont les paysans qui sont principalement taillables. L'on trouve d'autres impôts comme la corvée des routes, qui est un impôt sous forme de travail d'intérêt général.
On trouve en outre de nombreux impôts indirects, certains très anciens, comme la gabelle (impôt sur le sel), qui est parfois incorporée dans le prix du sel lui-même, pour peu qu'il soit acheté dans un grenier à sel. Les droits de péage sont innombrables et d'une incroyable complexité, survivance du morcellement du territoire d'autrefois. De même, on trouve des droits de douane à l'exportation et à l'importation, très variables selon le territoire où l'on se trouve.
Enfin, citons le droit d'octroi, qui est perçu par les villes et dont la moitié revient à l'Etat, et notons l'existence d'une multitude de petits impôts relevant de la fiscalité seigneuriale, tels que champart, lods, ventes, banalités, corvées, et qui demeurent locaux.
7. La justice
L'organisation judiciaire est très complexe. Tout en bas de la hiérarchie du droit commun se trouve le prévôt. Cet officier royal côtoie des justices seigneuriales ou municipales, dont certaines exercent une pleine justice criminelle. Au-dessus viennent les baillis et les sénéchaux, qui, s'ils ont reçu le titre de présidial, peuvent se prononcer en dernier ressort sur des affaires civiles ou criminelles. Enfin, au sommet de l'appareil judiciaire, se trouvent les Parlements et Conseils souverains : il existe en tout 13 parlements pour le royaume, et 4 Conseils souverains.
Il existe en outre d'innombrables juridictions d'attribution : certaines sont spécialisées dans les domaines administratifs ou financiers (chambre des comptes, bureaux des finances, greniers à sel...), d'autres ont une compétence exclusivement criminelle. Citons par exemple les prévôts des maréchaux, chefs de la maréchaussée, qui sont à la fois officiers de gendarmerie et juges, et qui s'occupent notamment des crimes commis par les militaires.
Il y a une grande compétition entre les différents services de Justice.