Id :

Mot de passe :

1626, le gant & l'Epée

Carrières & Archétypes  I.  II.  III.  IV.

III. Les cours des miracles (I)

Les cours des miracles sont des lieux mythiques dont tous parlent mais que peu semblent avoir réellement vu. Elles sont ainsi nommées en raison de ceux qui y vivent : en effet, celui qui vit à la cour des miracles avec les siens peut se dépouiller de son masque d'imposteur. Ainsi, les estropiés se remettent à marcher, les sourds à entendre, et les aveugles à voir. On compte environ 6 cours des miracles à Paris en 1626, et en général au moins une dans chaque grande ville du royaume. La principale Cour de Paris se tient dans un cul-de-sac donnant sur la rue Saint Sauveur, à quelques minutes au nord de l'île de la cité.

Nul oeil profane ne peut pénétrer dans un tel endroit. En revanche, le mendiant est certain d'y trouver une retraite à l'abri de toute maréchaussée. L'anarchie n'y règne pas pour autant : une justice et des châtiments sévissent également pour ceux qui ne respectent pas les coutumes de cette étrange société. On raconte qu'un Roi existe pour diriger toute ces gens, un roi élu par ses pairs, nommé « le grand Coësre », ou encore « le roi de Thune ». On le décrit traîné sur un charrette attelée de chiens, ses sujets lui payant une redevance en échange de sa protection.

En province, des « Cagous » ou « Archi-suppôts » seraient directement sous les ordres de ce Grand Coësre, et de façon pyramidale une extraordinaire hiérarchie guiderait cette étonnante fourmilière de la truanderie, faite de lieutenants, de professeurs et de petits chefs. Pour entrer dans ce cercle, il faut faire ses preuves, en réalisant deux chefs-d'oeuvre devant un maître (Cagou), à la façon des compagnonnages.

Les talents de comédiens de ces mendiants sont parfois extraordinaires de vraisemblance : leurs ruses sont toutes plus astucieuses les unes que les autres, afin de tromper toujours et encore les crédules, et les inciter à donner de l'argent, ou s'en laisser prendre. C'est une véritable armée souterraine, dont chaque soldat pris un à un est plus bas que tout dans l'échelle de la société, mais qui, une fois unie, est une force inouie, possédant une influence et un pouvoir hors de toute estimation raisonnable.

Pour autant, la vie n'y est pas facile : on ne sait pas ce que sera le soir même, ni même si l'on aura à manger, ou si l'on n'aura pas à se battre pour manger. La mortalité infantile y est terrifiante, la vermine et les maladies déciment les plus faibles. L'on y vit partagé entre vice, violence, plaisir, jouissance immédiate, et menace de mort.

1. Malades & mendiants

Description : ce sont les plus misérables, les plus crasseux, les plus pauvres, mais souvent les plus rusés, prêts à tout et dont la faculté de feindre les maux dépasse les talents des meilleurs troupes de comédiens.

Il existe plusieurs spécialités parmi les mendiants et les malades, et chacune reflète une habileté particulière dans une duperie. Bien sûr, chacun se fait fort de perfectionner son art, mais d'autres font le choix d'un certain éclectisme dans leurs pratiques. Ainsi, l'on trouve :

- Les Courtauds de Boutange : sortes de demi-mendiants, ils n'ont le droit de mendier que pendant l'hiver. Ce sont généralement des aspirants, n'ayant pas encore fait leurs preuves dans la Cour des Miracles.

- Les Capons : ils officient dans les cabarets et les lieux de rassemblement. Accompagnés d'un complice, ils feignent de perdre leur argent et engagent les passants à les rejoindre, avant de les plumer bel et bien.

- Les Francs-mitoux : ils sont passés maîtres dans l'art de contrefaire les malades. Leurs tromperies sont tellement réalistes qu'ils parviennent à duper les véritables médecins.

- Les Malingreux : tout comme les Francs-mitoux, les malingreux sont des malades simulés. Ils usent d'artifices et de maquillages divers en se couvrant les bras, les jambes et le corps d'ulcères factices. Puis, ils demandaient l'aumône dans les églises en prétextant devoir réunir la somme nécessaire pour entreprendre un pèlerinage curatif.

- Les Orphelins : recrutés parmis les plus jeunes, bien souvent des garçons, ils arpentent les rues presque nus, en feignant de trembler de froid et de faim, été comme hiver !

- Les Piètres : ils contrefont les estropiés, et marchent toujours avec des béquilles. Le réalisme de leur art est surprenant.

- Les Coquillards : ce sont de faux pèlerins, devant leur nom à leur accoutrement. Ils sont en effet recouverts de coquilles, symboles notamment du pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle. Ils demandent l'aumône afin de pouvoir continuer leur soi-disant voyage.

- Les Sabouleux : Ces mendiants se roulent à terre, frappés de subites crises d'épilepsie. Afin de parfaire leur art, ils se mettent un morceau de savon en bouche et crachent de l'écume.

Dotations : haillons divers, couteau ou dague, une vingtaine de sols en poche, au mieux.

Avantages : bagarre+1, baratin+2, vigilance+1

Obligations : /

2. Voleurs & escrocs

Description : cette catégorie de la Cour des Miracles se destine plus généralement à des actes plus sévèrement réprimés, mais vivent de façon moins misérable que les mendiants et les faux malades. Ils officient plus volontiers la nuit pour certains d'entre eux, donnant ainsi à Paris sa réputation si dangereuse le soir venu. Outre les innombrables voleurs à la tire et assommeurs de bourgeois, il existe parmi ces gens certaines personnes s'étant forgé une relative spécialité.

- Les Mercandiers : souvent grands et costauds, ils arpentent les rues deux par deux, vêtus d'un bon pourpoint et de mauvaises chausses, et crient qu'ils sont de bons marchands ruinés par les guerres, le feu, la contagion, ou quelque catastrophe que ce soit, selon les circonstances. Ils gagnent la confiance des crédules, et entrent dans certains foyers ou magasins, dérobent l'argent, dupent et escroquent les véritables marchands.

- Les Millards : munis d'une grande besace, ils vadrouillent aux alentours des étals et des marchés, et volent de la nourriture en quantités souvent impressionnantes. Ce sont ainsi les principaux pourvoyeurs de repas de toute la société souterraine.

- Les Narquois, ou Drilles : recrutés le plus souvent parmi les soldats, ils vont dans les rues, l'épée au flanc, et demandent des aumônes qu'il n'est généralement pas prudent de refuser.

- Les Polissons : fonctionnant un peu comme les Narquois, souvent jeunes, les Polissons vont quatre par quatre, vêtus d'un pourpoint sans chemise, d'un chapeau sans fond et portent une bouteille sur le côté. Ils demandent des aumônes plutôt menaçantes.

- Les Rifodés : accompagnés de femme et enfants, ils portent un certificat attestant que le feu du ciel a détruit leur maison et tout ce qu'elle contenait. Est-il utile de préciser que ce certificat est faux ?

- Les Hubains : autres adeptes de la contrefaçon, les hubains portent un certificat attestant que Saint-Hubert en personne est intervenu pour les guérir de la rage. Ceci leur procure une certaine aura mystique auprès des crédules.

- Les Callots : ils sont choisis parmi les gens ayant une belle chevelure, et prétextent avoir été guéris de la teigne après un pèlerinage à Flavigny, en Bourgogne, où sainte Reine fait des miracles.

Dotations : vêtements pauvres mais solides, couteau ou dague, parfois épée rouillée ou récupérée d'une rapine, quelques livres en poche.

Avantages : bagarre+2 (polissons, narquois, mercandiers), baratin+2 (callots, hubains, rifodés), discrétion+2 (millards), manipulation+2 (millards, mercandiers...). Cette liste est indicative, et selon les spécialités, le MJ est libre d'attribuer des avantages personnalisés.

Obligations : /

3. Archi-Suppôts

Description : également appelés « Cagous », les Archi-Suppôts sont en quelque sorte les professeurs de la Cour des Miracles. Généralement les plus anciens (et donc les plus doués, la vie étant courte dans ces sociétés), ils se chargent d'enseigner aux novices leur art. Ils apprennent à délester les aristocrates de leurs bourses, fabriquer des plaies factices, confectionner de faux documents, inventer des histoires crédibles ou encore instruisent les plus jeunes sur l'argot et les façons de faire à la Cour des Miracles. Ils jouissent généralement d'un certain respect, et parfois même d'un certain confort.

Les Cagous sont également les subordonnés directs du Grand Coësre dans les Cours des Miracles de province : ils dirigent ces dernières en tenant compte des directives du Roi des mendiants, et lui payent un tribut, tout comme n'importe quel autre de ses sujets. Ils jouissent cependant d'une considération accrue, puisque faisant office de gouverneurs fantoches dans ce simulacre de royauté mendiante.

Dotations : vêtements simples mais confortables, couteau ou dague, divers faux documents, matériel de maquillage.

Avantages : selon la spécialité, les avantages peuvent varier. Cependant, les Cagous sont la plupart du temps maîtres dans l'art subtil du mensonge et de la dissimulation. Commandement+1

Obligations : avoir fait ses preuves dans la rue pendant plusieurs années.
«  Sommaire  »
Zuper Oineuguène Bioutifoule Saïte by finipe ©
[Haut de page]